Roman 9 ans et demi, ”Maison des scientifiques”, Lviv, juin 2024
Halyna, sa maman, est professeure d'accordéon à l'académie de musique de Lviv, où son papa Yaroslav est directeur et chef d'orchestre. Naturellement, Roman joue de l'accordéon depuis son plus jeune âge et pratique également les danses de salon.
Le 14 juillet 2022, sa maman l'amène chez le médecin dans une clinique de la ville de Vinnétsia. À 10h43, un missile tombe, les vitres volent en éclats, puis un deuxième explose. Tout est en feu, une fumée noire envahit rapidement les lieux ; c'est le chaos total. Sa maman y trouve la mort. Roman a le bras cassé, des éclats dans la tête et des brûlures sur tout le corps. Il suffoque et sort péniblement de l'immeuble après avoir caressé les cheveux de sa maman une dernière fois. Il tombe à plusieurs reprises, ses jambes ne le soutiennent plus, il se brûle les mains sur le sol brûlant à cause des explosions.
Avant de sombrer dans le coma, il a le temps de donner son identité aux premiers secours, ce qui permettra à son papa de le retrouver. On lui retire les éclats de la tête et il est emmené d'urgence, dans un état critique, en Pologne à Rzeszow par la route (550 km), puis en avion en Allemagne à Dresde. Les médecins ne pensaient pas qu'il survivrait au transport.
45 % de la surface de son corps est brûlée au troisième degré, certains doigts de sa main le sont jusqu'à l'os. Il souffre des fumées chaudes qu'il a respirées.
Il reste en réanimation trois mois et il lui faudra six mois avant de pouvoir remarcher. Jusqu'à aujourd'hui, il a subi 33 opérations, dont une greffe de tympan.
Parmi les 30 personnes présentes dans la clinique au moment de l'explosion, il est le seul survivant. Le corps de sa maman sera identifié grâce à une analyse ADN.
Pendant deux ans, il doit porter un masque et des gants compressifs afin que les cicatrices ne boursouflent pas. Il subira encore des opérations de chirurgie esthétique.
« Quand je danse ou je joue, j'oublie mes maux »
Vinnytsia, quelques minutes après les explosions. Photo ©Service d’urgence d’État de l’Ukraine
Photo ©Service d’urgence d’État de l’Ukraine
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