Oleksander, centre de rééducation Tytanovi, Kyïv, juin 2024
Originaire de Kolomeya, ville aux portes des Carpates, son âme patriotique le pousse à s’engager dans les Forces armées ukrainiennes, juste après l’invasion russe à grande échelle de l'Ukraine du 24 février 2022.
Il est envoyé dans l’est, à Solédar, près de Bakhmout. Le 23 décembre 2023, le temps est très maussade et le terrain boueux. Oleksander se retrouve sous une pluie d’obus et est touché à la jambe. Autour de lui, personne pour l’aider et, par malchance, il n’a pas de garrot sur lui. Il est à 80 mètres du premier abri, il ne peut se tenir debout, et de toute façon, les tirs ne le lui permettent pas. Il sait qu’avec son hémorragie, il ne lui reste que trois minutes, au maximum.
Sans réfléchir plus longtemps, il se met à ramper aussi vite que possible sur un terrain détrempé, laissant derrière lui une traînée de sang.
Par chance, il se dirige directement vers sa tranchée couverte et trouve un camarade qui lui pose immédiatement un garrot. Il perd alors connaissance et ne se réveille que trois jours plus tard, à 280 km de là, à l’hôpital de Dnipro, où il s’aperçoit qu’il lui manque le bas de sa jambe droite.
Dans son malheur, il a eu de la chance : son coéquipier lui a posé le garrot très bas, sous le genou, et il a été amputé juste au-dessus de la cheville. Le plus souvent, un garrot est placé en haut de la cuisse, car il est plus facile de juguler l’hémorragie ainsi. Mais lors d'une amputation, le patient perd une plus grande partie de sa jambe.
On lui pose un implant osseux à l’hôpital de Vinnétsia et sa prothèse au centre de rééducation Tytanovi à Kyïv, le jour de la photo.
Avant la guerre, il pratiquait le basket, mais surtout le football dans l’équipe de Tchernivtsi avec laquelle il jouait à un niveau national.
Aujourd’hui, il aimerait rejoindre une équipe handisport, mais avant cela, « nous devons finir ce que nous avons commencé : nous battre pour quelque chose qui n’a pas de prix, notre patrie et notre liberté », dit-il.