Artem, stade Desna Youri Gagarine, Tchernihiv, juin 2024
Artem naît et grandit à Tchernihiv. Jeune, il s’essaye au football, mais rapidement, c’est la boxe qui devient son sport de prédilection. Il aime l’adrénaline que ce sport lui procure. Puis, il travaille dans le domaine de la protection des personnes et, en parallèle, il devient professeur de boxe. Il aime transmettre sa passion à la jeune génération. Il se bat au niveau national et remporte de nombreuses médailles dans la catégorie poids lourds.
Le 24 février 2022, lorsque les Russes entrent au nord de l’Ukraine, Tchernihiv se retrouve immédiatement en première ligne (la ville est à moins de 50 km du Belarus). L’ennemi l’encercle presque totalement. Artem organise alors à ses risques et périls des transports jusqu’à Kyïv pour les femmes qui veulent quitter la ville avec leurs enfants. Il commence par organiser des convois de voitures et, très vite, ce seront des colonnes pouvant atteindre jusqu’à 30 autocars, le tout sous des tirs d’artillerie et de tanks.
Au retour, il ramène à la ville presque totalement assiégée, de la nourriture, des médicaments, des générateurs, du carburant… Début avril, les Russes se retirent du nord de l’Ukraine. On propose à Artem de s’engager dans les Forces armées ukrainiennes, ce qu’il accepte à condition que ce soit dans une unité spéciale.
C’est ainsi qu’il participe à d’âpres combats pour la reprise de l’île aux Serpents au large d’Odessa. À son actif, il compte également la reconquête des plateformes de forage offshore que les Russes utilisaient comme base de ravitaillement d’hélicoptères où ils ont placé des systèmes radars.
Cependant, le 19 octobre 2023, près de Koupiansk (au sud-est de Kharkiv), il participe à un affrontement ou la supériorité numérique des russes est importante car ils combattent à 1 contre 5. Les Russes combattent avec deux véhicules blindés et un tank. Artem est gravement blessé au visage par des éclats d’obus. Les combats durent, et ce n’est qu’au bout de 14 heures passées dans le froid qu’il est évacué. Il pensait réellement qu’il ne s’en sortirait pas.
Il ne sait toujours pas si son œil droit pourra être sauvé.
Aujourd’hui, il attend avec impatience le jour où il pourra retourner auprès de ses frères d'armes. « Je veux que mon fils grandisse dans un pays débarrassé de tout occupant ».
En attendant, avec son altruisme exacerbé, il nourrit un millier de retraités par semaine à Tchernihiv grâce à une cuisine roulante.