Artem, centre de rééducation Tytanovi, Kyïv, juin 2024
Papa de Liza, une petite fille de 8 ans, il est originaire de Zaporijia, où il a créé une entreprise de bâtiment. Après l’invasion russe de l'Ukraine du 24 février 2022, il a aidé avec sa brigade à fortifier sa ville natale. En juillet, il a rejoint les Forces armées ukrainiennes. C’est au sein d’une unité d’assaut qu’il est engagé d’abord dans le Donbass puis vers Zaporijia.
Un an plus tard, le 11 septembre 2023, vers 15 heures, après avoir repris avec son unité une position ennemie, ils subissent de lourds tirs d’artillerie et surtout des attaques de drones.
« Il y en avait une grande quantité au-dessus de nos têtes, quand un drone kamikaze a fondu sur moi et a explosé à mon contact. Mes jambes étaient criblées d’éclats d’obus ».
On lui pose des garrots en attendant une évacuation qui mettra trois heures à arriver retardée par les tirs incessants. Artem sait qu’il va perdre ses jambes, cela fait trop longtemps que les garrots sont posés. Il faudra encore cinq heures d’efforts pour l’extraire et l’amener jusqu’à une moto équipée d’un side-car, puis à un 4x4 qui le déposera au point de stabilisation et enfin une ambulance le transportera à l’hôpital de Zaporijia, où il subira une double amputation.
Actuellement, il est pris en charge par le centre de rééducation Tytanovi à Kyïv, qui s’occupe des cas les plus compliqués. Ses amputations sont très hautes.
En attendant de recevoir des prothèses, il a intégré l’équipe de basket du centre. Quand il joue, son plaisir est immense. Il retrouve les sensations qu’il avait il y a quelques années, quand il pratiquait régulièrement la course à pied, la boxe et surtout le basket, son sport favori.
Par la suite, il aimerait reprendre son ancien métier, même s’il sait que cela sera difficile.
« Je dois subvenir aux besoins de ma famille et faire en sorte qu’il ne manque rien à ma fille ».
Et il ajoute : « Les gens sont comme des métaux, ils sont différents. La vie en fait fondre certains et en endurcit d’autres ».