Anton, piscine de Kontcha-Zaspa, Kyïv, juin 2024
Originaire de Tcherkassy, il étudie le management et fonde une entreprise de réparation automobile. En 2014, il rêve que la révolution du Maïdan transforme les mentalités et oriente l’Ukraine vers les valeurs européennes et la démocratie. Lorsque la guerre éclate en avril 2022, il soutient l'effort militaire en réparant les véhicules de l'armée ukrainienne.
Après le 24 février 2022, il envoie sa femme Alona et leurs deux jeunes filles à Berlin chez sa sœur, puis il prend les armes. Son régiment est déployé dans la région de Louhansk, puis à Bakhmout au début de 2023.
Le 2 mai 2023, au petit matin, son équipe est déployée à Bakhmout, où ils subissent des tirs pendant plusieurs heures. Vers 21 heures, il est gravement blessé par un obus de mortier de 120 mm. Ses deux bras et sa jambe gauche sont sévèrement touchés. Après l'application de garrots, il est évacué sous le feu ennemi sur 900 mètres. Sur la civière, à demi-conscient, il encourage ses camarades en chantant l'hymne ukrainien avant de sombrer dans le coma.
Il se réveille deux jours plus tard à l'hôpital de Dnipro, après avoir subi l’amputation des deux bras, d’une jambe et reçu 8,5 litres de sang en transfusion. Les médecins affirment que peu de personnes survivent à de telles blessures. Il est ensuite transféré à Kyïv par train sanitaire, où, après un mois, il commence à s'entraîner à se lever sur une jambe. À Lviv, on lui retire des éclats d'obus.
Sa femme rentre d'Allemagne pour le soutenir. Elle devient son pilier durant sa reconstruction. Il rencontre alors Viatcheslav Zaporojets, qui deviendra plus tard le créateur du centre de rééducation Tytanovi à Kyïv. Ce dernier trouve un hôpital où Anton reçoit des implants osseux, préparant ainsi la pose de prothèses bioniques.
En janvier 2024, Anton commence une collaboration avec Viatcheslav, qui lui propose de devenir le directeur d’un nouveau laboratoire dédié à l'assemblage de prothèses bioniques et à la rééducation des blessés amputés.
Les amputations d’Anton étant très hautes, la pose des prothèses est particulièrement complexe. C’est précisément ce type de cas sur lequel Tytanovi se concentre. Anton, au cœur de la recherche, teste sur lui-même les nouvelles inventions et les progrès réalisés par la technique.
Ils travaillent maintenant sur des capteurs implantés directement dans les muscles, destinés à piloter la prothèse équipée d'intelligence artificielle. La prothèse apprend de son porteur. Afin d’augmenter l’indépendance du blessé, ils envisagent également de créer un environnement interconnecté à la domotique et aux véhicules via bluetooth.
La rééducation passe par le sport, et Anton ne fait pas exception. Il découvre la natation, ce qui lui a valu le surnom : "Le Poisson".
Beaucoup d'Ukrainiens ont mis leur famille à l'abri et sont partis défendre leur terre et leur liberté, prêts à donner leur vie ou une partie d'eux-mêmes.